La Fondation Etrillard et l’Académie des beaux-arts lancent le Prix Arts numériques. L’art numérique fait ainsi pour la première fois son entrée à l’Académie des beaux-arts.
Ouvert aux candidats de toutes nationalités résidant en Europe, sans limite d’âge, ce prix inédit récompensera chaque année une œuvre numérique récente en résonance avec les disciplines artistiques représentées à l’Académie. Cette collaboration entre l’Académie des beaux-arts et la Fondation Etrillard s’inscrit dans une volonté de promouvoir l’art numérique comme une discipline artistique à part entière, prolongeant l’histoire des arts à l’ère des nouvelles technologies. L’interdisciplinarité et le dialogue entre tradition et nouveaux médias sont ainsi au cœur du Prix.
À la suite d’un appel à candidatures puis de la sélection de trois finalistes, le jury désignera une œuvre lauréate. Ce Prix saluant le parcours et l’œuvre de l’artiste sera doté d’un montant de 20 000 euros.
Contact :
Raphaëlle Sabouraud
+41 78 337 82 27 / +41 22 318 59 50
raphaelle.sabouraud@fondationetrillard.com
Œuvre éligible :
- Œuvre d’art numérique, quel que soit le medium employé (IA, art génératif, net art, robotique, mapping, réalité virtuelle...)
- Œuvre déjà existante : l’artiste soumet une œuvre créée entre 2021 et 2024 et montrée publiquement
- Œuvre faisant écho à une ou plusieurs disciplines de l’Académie : peinture, sculpture, architecture, gravure et dessin, musique, cinéma, photographie et chorégraphie
Artistes éligibles :
- Artiste ou collectif artistique à l’expérience professionnelle avérée
- Pas de limite d’âge
- De toutes nationalités, à condition de résider en Europe (voir liste des pays dans le règlement)
Valérie Belin
Photographe, artiste plasticienne et membre de l’Académie des beaux-arts
Pourquoi avez-vous accepté de participer à ce nouveau Prix Arts Numériques ?
« J’ai accepté de participer à ce prix en tant que membre de la section de photographie à l’Académie des beaux-arts, parce que cela fait partie de mes missions, et aussi parce que c’est un sujet qui m’intéresse en tant que photographe et par curiosité personnelle. Je suis en effet curieuse de voir dans quelle mesure l’art numérique peut entretenir des liens avec des disciplines traditionnelles telle que la photographie par exemple. Je pense qu’il est important de récompenser les arts numériques parce qu’il s’agit d’un nouveau terrain d’expérimentation qui mérite investigation et promotion. »
Comment percevez-vous le dialogue entre les arts numériques et la photographie ?
« Je n’ai aucun a priori sur le sujet, seulement quelques intuitions. D’une certaine manière, l’art numérique a déjà intégré la photographie – et la photographie a probablement influencé certaines pratiques dans le domaine de l’art numérique. Je reste donc curieuse sur le sujet. L’objectif de ce prix sera donc pour moi de proposer de nouvelles pistes d’analyse des rapports entre cette nouvelle discipline et des disciplines plus traditionnelles, dont la photographie fait aujourd’hui partie. »
En tant que jurée, qu’attendez-vous des œuvres candidates au Prix ?
« J’attends des œuvres candidates qu’elles permettent d’établir un lien entre innovation technologique et exigence artistique. Au-delà de la prouesse numérique, elles devraient proposer une vision singulière, une émotion, une réflexion sur notre époque ou sur les disciplines artistiques qu’elles réinterprètent. L’audace, la cohérence et la capacité à questionner le regard du spectateur seront des critères essentiels dans mon appréciation. »
Valérie Belin © Frédéric Stucin
Patrick Flandrin
Physicien, membre de l’Académie des sciences
Pourquoi avez-vous eu envie de participer à ce nouveau Prix Arts Numériques ?
« Nous vivons dans un monde où le numérique occupe une place de plus en plus importante et les activités artistiques n’y échappent pas. De nouvelles opportunités sont offertes, ouvrant la voie à des formes de création venant en complément d’approches plus traditionnelles ou pouvant s’en démarquer, tant dans leur conception que dans leur diffusion. Ce nouveau Prix est une très belle initiative pour aider à mieux connaître et reconnaître les arts numériques, et je suis heureux autant qu’honoré d’avoir été invité à y participer en tant que juré. »
Comment percevez-vous le dialogue entre les arts numériques et les sciences ?
« Les arts et les sciences se nourrissent mutuellement depuis longtemps, qu’il s’agisse d’accompagner de façon plus sensible un discours scientifique ou de s’appuyer sur des possibilités offertes par la science ou la technologie pour l’élaboration d’une œuvre — chimie des pigments pour la peinture, chimie encore, optique et électronique pour la photographie, etc. La bascule dans un monde numérique élargit ces horizons et renouvelle le dialogue entre arts et sciences, jusqu’à des questions profondes relatives à la création elle-même lorsqu’on pense par exemple à l’intelligence artificielle générative. »
Qu’attendez-vous des œuvres candidates au Prix ?
« En mariant l’art et le numérique, il y a des territoires fascinants à explorer. Au-delà d’un simple usage d’outils numériques envisagés comme moyens permettant de donner vie à des productions artistiques, il y a place aussi pour des interrogations davantage réflexives sur le pourquoi du recours à ces outils, le rapport au monde qu’ils entretiennent, la spécificité des œuvres qui en résultent, … Ce sont là, sans exhaustive, quelques éléments que j’attendrais des œuvres candidates au Prix… sans oublier bien sûr l’émotion directe qu’elles pourront nous faire partager ! »
Patrick Flandrin
Jean-Marie Dallet
Artiste numérique, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Pourquoi avez-vous eu envie de participer à ce nouveau Prix Arts Numériques ?
« Depuis que j’ai commencé ma carrière artistique, au sortir de ma formation aux Beaux-arts de Paris, en 1990, travailler avec un ordinateur pour créer des œuvres m’a d’emblée placé dans un champ lié à la technique, à l’ingénierie, voir dans le camp des supporters d’une idéologie de la « méchanosphère » pour reprendre le mot de Guattari avec toutes les dérives qu’elle implique et que nous observons d’ailleurs aujourd’hui. Les temps ont changé, et c’est avec satisfaction que je vois les expositions d’arts numériques occuper des lieux représentatifs de l’art et des fondations importantes soutenir l’effort d’une création numérique soucieuse de questionner l’Homme dans et face à son environnement au XXIe siècle. »
Comment percevez-vous le dialogue entre les arts numériques et les autres disciplines de l’Académie ?
« L’art est une question de langage et de traduction de cet alphabet sensible dans d’autres disciplines, ce qui permet des passages, des interprétations et des différences en fonction de la palette technique offertes par les divers médiums. Si l’opération d’« art » consiste souvent à faire passer des éléments d’un alphabet dans un autre, tout n’est pas dans tout cependant. Tout un pan de cet art hyper contemporain qu’est l’art numérique permet ainsi de s’adresser aux nouvelles subjectivités humaines produites par des sociétés de l’information hyper connectées. N’oublions pas qu’aujourd’hui l’image est jouable ! »
En tant que juré, qu’attendez-vous des œuvres candidates au Prix ?
« Qu’attend-on d’une œuvre d’art en général ? Qu’elle nous surprenne, nous déroute, pose des questions à nos sens, ouvre des perspectives sensibles à notre intellect. J’espère que nous en recevrons de nombreuses, de très nombreuses, avec ces qualités pour que le choix soit difficile et les discussions entre jurés passionnantes. »
Jean-Marie Dallet
« Ce nouveau Prix Arts numériques a pour vocation de devenir une distinction importante dans le champ des nouveaux médias en France et en Suisse, et plus généralement en Europe. Il participe de la mission de la Fondation Etrillard de créer des passerelles entre les différents arts, tout en réconciliant notre héritage culturel et la création d’aujourd’hui. C’est un honneur de collaborer avec l’Académie des beaux-arts pour ce prix et d’explorer l’art numérique, un art en prise directe avec les enjeux contemporains et dont la forme se renouvelle constamment. »
Miguel Pérez de Guzman, Délégué général de la Fondation Etrillard
« L’art numérique ouvre de nouveaux et passionnants imaginaires. Il est très stimulant d’accueillir cette nouvelle discipline artistique dans le cadre des prix de l’Académie des beaux-arts grâce à la proposition de la Fondation Etrillard que je remercie pour cette belle initiative. »
Laurent Petitgirard, Secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts
Miguel Pérez de Guzman © Photo : Alexis de la Mure / Laurent Petitgirard © Photo : Yann Arthus-Bertrand